L'accueil de l'étranger en France et au Chili : esquisse ethnographique et dramaturgique de traumatismes historiques.
Établissement de soutenance : École des hautes études en sciences sociales, Universidad de Chile (Chili), 2021
Pagination : 509 p.
Thème : Immigration-Interculturalité
Mots-clés : Migration ; Étranger ; Histoire sociale ; Traumatisme ; Ethnographie ; Centre d'accueil ; Centre d'accueil pour demandeurs d'asile ; Immigré ; Réfugié ; France ; Chili ;
Discipline : Ethnologie
Région de soutenance : Ile-de-France
Directeur(s) : Tijoux, Maria Emilia et Béneï Véronique
Numéro national : 2021EHES0103
Permalien Sudoc : https://www.sudoc.fr/260601489
Accès au texte intégral : https://theses.fr/2021EHES0103
Résumé : Ce travail de thèse s'intéresse aux histoires ordinaires et extraordinaires traversant deux lieux d'accueil de l'Étranger séparés par un océan. Il propose de se plonger dans l'univers du Centre Sing, un Centre d'hébergement d'urgence pour migrants situé en région parisienne, et dans celui du Bureau Song, un Bureau municipal pour les migrants et les réfugiés de la commune de Las Violetas, en banlieue de Santiago du Chili. Le Centre Sing accueille des « migrants » (des demandeurs d'asile, des réfugiés, des « dublinés ») évacués des campements se formant dans les rues parisiennes depuis 2015. Le Bureau Song est apparu concomitamment à l'arrivée progressive des Haïtiens au Chili autour des années 2010 ; il s'adresse à toute personne étrangère arrivant et/ou résidant dans la commune de Las Violetas. C'est à partir de la description dense du quotidien de ces deux lieux que les différentes temporalités de l'accueil de l'Étranger, en France et au Chili, se dessinent et dialoguent : de l'actualité et de la cruauté des politiques migratoires contemporaines humanitaires, surgissent, entre autres, des traces laissées par des passés historiques traumatiques. Dans cette thèse, le traumatisme historique est appréhendé comme transgénérationnel et collectif. Il est articulé à l'idée que des événements historiques violents (guerres, colonisations, dictatures, etc.) puissent avoir laissé des traces, palpables au Centre Sing et au Bureau Song. Saisir ce double niveau analytique (décrire des réalités migratoires et remonter, en leur sein, des traces de traumatismes historiques) implique une posture de recherche expérimentale et créative, ainsi qu'une approche interdisciplinaire voire transparadigmatique. Ce travail de recherche s'ancre dans une démarche ethnographique réflexive, une participation-observante et des expérimentations méthodologiques (co-construction des savoirs, création audiovisuelle). Ces expériences de terrain mettent en mouvement différentes disciplines des sciences sociales, parmi lesquelles l'anthropologie, la psychanalyse et la psychogénéalogie, les sciences politiques, le droit, la micro-histoire. Elles ouvrent à de nouvelles pistes conceptuelles : de l'effet disruptif/sensation de choc, à la résonance, de la cruauté d'État à la colère, du malaise à la trace juridique, des mémoires en actes à la résistance/résilience, etc. Structurée en « actes », en référence à la trame narrative du théâtre, cette thèse porte une attention simultanée et sensible à l'ensemble et aux détails de la vie (extra)ordinaire du Bureau Song et du Centre Sing. C'est dans ce double mouvement, dans toute la violence et l'humanité de ces lieux, que s'esquissent, au fil des lignes, de manière diffuse (dans les corps, les mots, les affects, les pratiques, les interactions, les textes de droit, les représentations de l'histoire, etc.) des traces de traumatismes historiques.