La mémoire en morceaux. Une ethnographie de la patrimonialisation des minorités LGBTQI et de la lutte contre le sida / Renaud Chantraine ; sous la direction de Véronique Moulinié

Date :

Type : Livre / Book

Type : Thèse / Thesis

Langue / Language : français / French

Minorités sexuelles -- Culture

Sida

Patrimoine culturel

Conflits sociaux

Mémoire collective

Moulinié, Véronique (1967-.... ; ethnologue) (Directeur de thèse / thesis advisor)

Monjaret, Anne (19..-....) (Président du jury de soutenance / praeses)

Boëx, Cécile (1977-....) (Membre du jury / opponent)

Brulon Soares, Bruno (1983-....) (Membre du jury / opponent)

Ginouvès, Véronique (Membre du jury / opponent)

Hertz, Ellen (1960-....) (Membre du jury / opponent)

Isnart, Cyril (1977..-....) (Membre du jury / opponent)

Rebucini, Gianfranco (1974-....) (Membre du jury / opponent)

École des hautes études en sciences sociales (Paris ; 1975-....) (Organisme de soutenance / degree-grantor)

École doctorale de l'École des hautes études en sciences sociales (Ecole doctorale associée à la thèse / doctoral school)

Résumé / Abstract : Enquêter sur la patrimonialisation des minorités LGBTQI (lesbiennes, gays, bis, trans, queer et intersexes) et de la lutte contre le sida en France m’a conduit à repérer et à analyser une série de situations, qui remontent au début des années 1980, à l’articulation entre trajectoires personnelles, mondes des associations et des institutions. Ces situations traduisent des questionnements et des prises de conscience, des modes de résistances ou d’acceptations, des formes d’attachements et des registres d’émotions qui façonnent les tensions que traversent acteurs et actrices de la patrimonialisation et de la mémoire. Ces situations et ces rencontres forment le tableau d’une complexité d’enjeux, de lieux et de positionnements, complexité qui adresse des questions fondamentales : quelles relations entretenir avec les mort·es ? Comment s’inscrire dans le temps ? Le sida, le genre ou la sexualité ont-t-ils leur place au musée ? Comment constituer et transmettre la mémoire d’une lutte sociale et politique ou d’une culture minoritaire ? Comment garder cette mémoire vivante, active et signifiante ? Qu’est-ce que collecter une trace ? Que nous racontent-elles, que nous font-elles faire ? L’État peut-il ingérer sans hoquet les archives et objets des groupes et des personnes l’ayant combattu ou existant dans ses marges, et ces groupes et personnes les lui donner sans contorsion ? Ma recherche est nourrie d’une expérience de trois ans, en contrat CIFRE, au Musée des Civilisations de l’Europe et de la Méditerranée ainsi que de mon implication dans plusieurs projets militants, au Collectif Archives LGBTQI à Paris et à Mémoire des sexualités à Marseille. Ce travail de terrain s’appuie sur l’exploration de différents fonds d’archives et de documentation, qu’ils soient publics ou privés, sur des éléments de mise en perspective internationale (Allemagne, Pays-Bas, États-Unis, Royaume-Uni, Nouvelle-Zélande, Australie) et sur la réalisation d’une trentaine d’entretiens compréhensifs avec des professionnel·les du patrimoine, des responsables politiques, des chercheurs et chercheuses, comme des militant·es associatif·ves.

Résumé / Abstract : Investigating the patrimonialization of LGBTQI (lesbian, gay, bi, trans, queer and intersex) minorities and the fight against AIDS in France has led me to identify and analyze a series of situations, dating back to the early 1980s, at the interface between personal trajectories and the worlds of associations and institutions. These situations reflect questions and awareness, modes of resistance or acceptance, forms of attachment and registers of emotions that shape the tensions experienced by the actors and actresses of heritage and memory. These situations and encounters form the picture of a complexity of stakes, places and positions, a complexity that addresses fundamental questions: what relationships should be maintained with the dead? How to inscribe oneself in time? Do AIDS, gender or sexuality have their place in the museum? How to constitute and transmit the memory of a social and political struggle or of a minority culture? How to keep this memory alive, active and meaningful? What does it mean to collect a trace? What do they tell us, what do they make us do? Can the state ingest without hiccups the archives and objects of groups and people who fought against it or existed on its margins, and can these groups and people give them to it without contortion? My research is nourished by a three-year experience, under a CIFRE contract, at the Museum of Civilizations of Europe and the Mediterranean, as well as by my involvement in several activist projects, at the Collectif Archives LGBTQI in Paris and at Mémoire des sexualités in Marseilles. This fieldwork is based on the exploration of different archives and documentation, both public and private, on elements of international perspective (Germany, Netherlands, United States, United Kingdom, New Zealand, Australia) and on the realization of about thirty comprehensive interviews with heritage professionals, political leaders, researchers, as well as associative activists.