Genre et rapports de pouvoir dans l'institution judiciaire : enquête sur le traitement institutionnel des déviances adolescentes par la justice pénale et civile dans la France contemporaine.
Établissement de soutenance : Université Paris 13, Université Sorbonne Paris Cité (Comue), 2016
Pagination : 444 p.
Thème : Justice-Délinquance
Mots-clés : Adolescent ; Délinquance juvénile ; Justice des mineurs ; Déviance ; Genre ;
Discipline : Sociologie
Région de soutenance : Ile-de-France
Directeur(s) : Pulman, Bertrand
Numéro national : 2016USPCD002
Permalien Sudoc : https://www.sudoc.fr/221084118
Accès au texte intégral : http://www.theses.fr/2016USPCD002/document
Résumé : Objectif : Cette recherche a pour objectif de documenter le traitement institutionnel des déviances adolescentes dans la justice des mineurs, au prisme du genre et des autres rapports de pouvoir. L'enquête vise en premier lieu à mettre au jour les scripts et attentes de genre véhiculés par les professionnel‑le‑s et à en décrire les conditions de production, reproduction et légitimation par les institutions de contrôle de la jeunesse. Au-delà des seules normes de genre, il s'agit de comprendre la manière dont différentes normes sociales liées notamment à la classe, à l'origine ethno-raciale ou à l'âge influent sur les procédures judiciaires et balisent les carrières institutionnelles des adolescent‑e‑s confronté‑e‑s à la justice. Méthode : Une enquête ethnographique d'une année a été menée au tribunal pour enfants de Créteil, et une enquête complémentaire a été réalisée durant deux mois au tribunal pour enfants de Paris. Ces investigations se sont principalement basées sur l'analyse qualitative et quantitative de dossiers judiciaires pénaux (n=133) et en assistance éducative (n=95), d'observations d'audiences, et d'entretiens (entretiens semi-directifs et focus groups) avec les acteur‑e‑s de la justice des mineurs. Résultats : L'étude des dossiers judiciaires indique l'existence d'un traitement différentiel des filles et des garçons. Cela se traduit notamment, au pénal, par un plus grand recours au soin et à des formes de contrôle para-pénales dans le cas des filles, et par une moindre prise en compte des vulnérabilités dans le cas des garçons. En assistance éducative, des schémas similaires sont à l'œuvre, mais de manière moins marquée. De plus, l'analyse approfondie des dossiers montre la perméabilité des actes de jugement à la position sociale (classe), à l'identité ethno-raciale et aux catégories d'âge. Conclusion : Cette thèse rend compte de la manière dont l'institution façonne les carrières des adolescent‑e‑s confronté‑e‑s à la justice, et aide ainsi à comprendre les mécanismes de production, reproduction ou légitimation institutionnelle des normes de genre. Il en ressort également que les normes véhiculées par l'institution renvoient à d'autres rapports de pouvoir en mesure d'influer sur les processus judiciaires, à l'instar des rapports de classe, race ou âge. Il est donc nécessaire de mettre en œuvre une approche sociologique intersectionnelle des actes d'État, et de procéder à un questionnement critique à l'égard de l'universalisme juridique tel que revendiqué par les institutions du contrôle social.
Thèse publiée : Adolescences sous contrôle : genre, race, classe et âge au tribunal pour enfants / Arthur Vuattoux. Paris : Les Presses de Sciences Po, 2021. 192 p. (Coll. Domaine Genre). ISBN 978-2-7246-2694-0