Les Françaises musulmanes face à l'emploi : le cas des pratiquantes "voilées" dans la métropole lilloise.
Établissement de soutenance : École des hautes études en sciences sociales, 2011
Pagination : 1 vol. (415 p.) : ill.
Thème : Travail-Emploi
Mots-clés : Stigmatisation ; Insertion professionnelle ; Travail des femmes ; Pratique religieuse ; Lille ;
Discipline : Sociologie
Région de soutenance : Ile-de-France
Directeur(s) : Khosrokhavar, Farhad
Numéro national : 2011EHES0077
Permalien Sudoc : http://www.sudoc.fr/176216170
Résumé : Bien qu'il soit - à l'origine - un geste individuel relevant d'une "conviction intime", le choix du voile a un "coût" social : il neutralise les musulmanes pratiquantes dans leur mouvement d'ascension sociale. Au moment charnière de s'insérer dans la vie active, elles se heurtent à des obstacles qui en disent long sur les tensions liées à la légitimité de leur présence dans l'espace public. Ce que veulent ces jeunes femmes c'est "avoir une place" au sein de la société, pouvoir la prendre et l'occuper "à visage découvert", c'est-à-dire "les cheveux couverts". Or, pour être socialement acceptées et professionnellement insérées, on exige d'elles qu'elles se montrent "intégrées", qu'elles abandonnent toutes formes de particularisme ; chose difficilement concevable pour des femmes qui conçoivent leur islamité et leur francité de façon concomitante et indissociable. Cette étude apporte un éclairage précieux sur les processus d'inclusion et d'exclusion professionnelle des Françaises musulmanes. Outre les pratiques discriminatoires des recruteurs chez qui le voile fonctionne comme un critère de non-embauche, l'enquête révèle l'existence de mécanismes d'"auto-exclusion" des Françaises musulmanes elles-mêmes. Elle souligne les incidences de la valeur professionnelle des diplômes, des choix familiaux ainsi que de la gestion psychologique du stigmate sur leur arbitrage professionnel. Quant à celles qui parviennent à s'installer sur le marché de l'emploi, cette enquête met en exergue leurs stratégies singulières, dresse une cartographie de leurs pratiques professionnelles, et établit que le travail de ces actives affecte la structure interne des couples musulmans.