L'économie solidaire revisitée : des formes d'entrepreneuriat et de participation à l'épreuve de l'autonomie comme idéal et norme.
Établissement de soutenance : Université de Picardie Jules Verne, 2020
Thème : Travail-Emploi
Mots-clés : Économie sociale et solidaire ; Création d'entreprise ; Pratique professionnelle ; Autonomie ; Émancipation ; Emploi ;
Discipline : Sciences économiques
Région de soutenance : Hauts-de-France
Directeur(s) : Azaïs, Christian
Numéro national : 2020AMIE0068
Permalien Sudoc : https://www.sudoc.fr/270064648
Résumé : L'économie solidaire est née au cœur des années 1980, dans une configuration marquée par la problématique du chômage et de l'effritement du salariat. L'enjeu de cette thèse est de revenir sur les choix théoriques faits à cette époque, mélangeant notions habermassiennes et polanyiennes. Ceux-ci ont laissé largement irrésolu une certaine tension entre l'autonomie comme norme, idéal et injonction, et la condition réelle des individus des sociétés démocratiques, individus inégalement supportés face à cette normativité contemporaine. Explicitant l'impasse théorique dans laquelle ils nous laissent, nous proposons de rompre avec le paradigme délibératif et de renouer avec les premiers développements de l'économie solidaire. Ceux-ci cherchaient à faire la théorie des activités du tertiaire relationnel, soit des activités qui construisent et constituent des supports face aux processus de désaffiliation et cherchent à compléter, voire à dépasser l'emploi comme rapport d'affiliation central dans nos sociétés. Ces premiers développements sont étayés et augmentés par des apports de l'économie institutionnaliste et de sociologies portant sur l'autonomie-condition, les classes populaires ou l'urbain. Ces derniers éclairent les difficultés et les clivages que provoquent cette normativité au sein de ces groupes sociaux. Cet appareillage théorique renouvelé nous amène à mettre à jour la centralité du travail professionnel dans ce type d'activités. Nous proposons alors un cadre d'analyse qui appréhende les pratiques professionnelles qui y sont mises en œuvre à travers deux fonctions, une fonction entrepreneuriale et une fonction d'animation. Elles font face à trois enjeux : de coordination, de valorisation et de participation. Enfin, à travers deux cas pratiques, nous donnons à voir comment peuvent concrètement s'articuler ces fonctions et enjeux, dans le cadre de projets œuvrant dans les mises en forme contemporaines de la question sociale, accompagnant et se confrontant aux évolutions des régulations sectorielles structurant les politiques sociales. Nous voyons dans ce cadre comment elles apportent des réponses locales et contextuelles à la tension démocratique, entre idéal d'émancipation et injonction à la participation.