Que sont les rêves ? : entre psyché et soma : les paraplégiques marchent-ils dans leurs rêves ?
Établissement de soutenance : Université de Paris 10 Paris Ouest Nanterre-La Défense, 2013
Pagination : 2 vol. (154 - 232 f.)
Thème : Handicap-Situations de handicap
Mots-clés : Handicap moteur ; Rêve ; Traumatisme ; Motricité ; Accident ; Plaisir ; Souffrance ;
Discipline : Psychologie
Région de soutenance : Ile-de-France
Directeur(s) : Andronikof-Sanglade, Anne
Numéro national : 2013PA100051
Permalien Sudoc : http://www.sudoc.fr/175469148
Résumé : Notre travail de thèse concerne les sources et les fonctions du rêve que nous avons cherché à définir à partir d'un exemple précis, la marche dans les rêves de sujets paraplégiques ou tétraplégiques. Il implique deux disciplines, la neuropsychologie et la psychologie clinique. Nous avons effectué notre recherche auprès de blessés médullaires devenus paraplégiques ou tétraplégiques après un grave accident. Nous nous sommes posé plusieurs questions : le trauma est-il incorporé dans les rêves ? Alors qu'ils ont perdu la capacité de mouvoir leurs jambes, les sujets rêvent-ils encore de marche, de course, de nage, de bicyclette, de saut ? Les rêves peuvent-ils contenir les aptitudes motrices d'un passé lointain, ou des aptitudes qui n'ont jamais été expérimentées ? Même s'il utilise des matériaux connus, le rêve est-il pure construction de l'esprit ou est-il issu d'une réalité physiologique ? Nous avons comparé ce groupe de blessés médullaires à deux autres groupes, des paraplégiques de naissance et des sujets témoins, valides. Nous avons recueilli les rêves de tous ces sujets durant six semaines et avons conduit sept entretiens à la fin desquels nous avons administré des tests (échelle d'anxiété, qualité du sommeil, inventaire de coping, test de personnalité, échelle de dépression, évaluation du syndrome psycho-traumatique, test de mémoire). Nous avons fait une analyse de contenu en prenant comme unité d'analyse la proposition grammaticale. Nous avons pu déterminer quel groupe présente le pourcentage le plus élevé de propositions contenant un terme exprimant le mouvement des jambes du rêveur : il s'agit du groupe des paraplégiques de naissance avec 11,64 % de propositions exprimant le mouvement des jambes, puis vient le groupe des blessés médullaires avec 9,492 % de propositions exprimant le mouvement des jambes, et, enfin, le groupe des sujets contrôles qui montre le plus petit pourcentage d'activités avec mouvement des jambes, c'est-à-dire 5,34 %. Cette restauration de l'intégrité physique durant les rêves des paraplégiques nous fait penser que l'activité onirique n'est pas nécessairement issue d'une stimulation physique. Nous avons observé chez nos patients deux aspects de l'activité onirique : les rêves où le sujet est valide et s'adonne à des activités agréables et au contraire les rêves au cours desquels il exprime sa souffrance. En nous appuyant sur les résultats de chercheurs (en particulier Solms, Gottesman et Joëls), nous avons mis en évidence le rôle de la dopamine dans les rêves-plaisir et le rôle du cortisol dans les mauvais rêves. Nous avons aussi suggéré que la source du rêve pouvait-être la réactivation des neurones miroirs lorsqu'il y a eu apprentissage durant l'éveil ou observation. Enfin, nous avons présenté les principales théories concernant les fonctions du rêve et nous nous sommes posé des questions au sujet de ces théories. Enfin, nous avons proposé que la principale fonction du rêve est de rendre le sommeil agréable comme toutes les autres fonctions le sont, sauf dans les cas de stress (manger, boire, avoir une activité sexuelle sont des fonctions nécessaires à la survie et s'exercent avec plaisir). Mais sur son autre face, l'activité onirique exprime les préoccupations, l'anxiété, la souffrance, ce qui a un rôle mis en évidence par les psychosomaticiens : l'expression de ce qui ne va pas préserve le sujet de l'alexithymie.