L'accouchement « sous x » à l'épreuve de la « recherche des origines » : une actualisation du tour au profit de la paix des familles ?
Établissement de soutenance : Université Paris Nanterre, 2020
Thème : Santé-Santé publique
Mots-clés : Accouchement sous X ; Adoption ; Enfant abandonné ; Naissance ; Maternité ; Droit de la famille ;
Discipline : Sociologie
Région de soutenance : Ile-de-France
Directeur(s) : Combessie, Philippe
Numéro national : 2020PA100072
Permalien Sudoc : https://www.sudoc.fr/254028128
Résumé : Être privé des faits de mémoire de son abandon, voire de son adoption, revient au fil des interactions sociales à ne pas être en mesure de répondre à l'interrogation récurrente de son corps, physique et social, et mène à chercher ses origines. Cette thèse prend appui sur la « recherche des origines », médiatisée à la fin des années 1990, en ce qu'elle constitue une confrontation de la personne abandonnée et/ou adoptée à l'Institution et à ses constructions sociales, dont l'enfant trouvé et l'adoption plénière, ici réinterrogées. Ainsi, la recherche révèle les enjeux relatifs à la défense contemporaine de l'accouchement « sous x ». Existant sous la forme d'une « mesure sociale » depuis au moins 1939 pour le Code de la Famille, il entre dans le Code civil en 1993, assorti de l'interdiction de recherche en maternité et défendu au nom de la paix des familles, comme un « droit de la femme » à ne pas être mère nécessitant un anonymat absolu et comme réponse aux demandes d'adoption. Pourtant, l'Histoire montre que, dès le XVIe siècle au moins, l'accouchement « sous x » prend la forme d'une pratique « anarchique » féminine qui répond à un renforcement de la morale matrimoniale, laquelle contraint les femmes à se cacher pour abandonner un enfant conçu en dehors de la règle. D'autre part, le contexte social contemporain dans lequel cette pratique devient un droit civil individuel féminin, défendu notamment par des catholiques anti-avortement et certaines féministes, est à contre-courant de cette période puisqu'au contraire il laisse envisager l'éviction du mariage comme cadre de la filiation, effectivement réalisée en 2005, et la progression d'un droit de l'Homme en dehors de tout dogmatisme nationaliste au profit de l'enfant et au détriment de toutes discriminations ou trafics d'êtres humains. Cette thèse interroge cette incongruité, retraçant une généalogie de l'accouchement « sous x » qui met au jour deux voies parallèles dans son élaboration institutionnelle, l'une publique et l'autre privée.