S'engager pour l'emploi : l'accompagnement bénévole à l'emploi, genèse et appropriations d'un rôle social.
Établissement de soutenance : École des hautes études en sciences sociales, 2020
Thème : Travail-Emploi
Mots-clés : Chômeur ; Recherche d'emploi ; Accompagnement ; Association ; Bénévolat ;
Discipline : Sociologie
Région de soutenance : Ile-de-France
Directeur(s) : Zimmermann, Bénédicte
Numéro national : 2020EHES0101
Permalien Sudoc : https://www.sudoc.fr/252815106
Autres publications :
Lavabre Alice. Hors normes : quand les associations prennent en charge les disqualifiés du service public de l'emploi. Sociétés contemporaines, n° 126, 2022, pp. 33-61. https://doi.org/10.3917/soco.126.0033
Résumé : Comment des cadres imprégnés des valeurs du capitalisme contemporain en viennent-ils à s'engager pour accompagner dans leurs recherches d'emploi des chômeurs disqualifiés de toutes les autres institutions ? Y recherchent-ils un « supplément d'âme » ? Investissent-ils un rôle social, ou cèdent-ils à l'injonction au travail ? Défendent-ils une morale, et si oui laquelle ? Dans quelle mesure jouent-ils un rôle dans l'écheveau d'acteurs qui, depuis les années 1980, redéfinissent normes et statuts de l'État social ? Cette thèse porte sur un engagement qui semble incarner ce que pourrait être une nouvelle éthique du capitalisme dans la France contemporaine. Elle analyse l'essor et les évolutions de ce bénévolat depuis les années 1980, quand les pouvoirs publics ont activement appuyé le développement associatif, la construction du rôle bénévole à travers le travail associatif et ses interactions, enfin les processus d'engagement de ces cadres. Elle mobilise pour cela quatre types de matériaux : des archives, l'exploitation statistique de répertoires d'associations, une enquête par observations et entretiens, et un questionnaire. Elle met en évidence les liens étroits de ces associations de bénévoles avec l'État, et le rôle pivot (et paradoxal) qu'elles ont été amenées à jouer dans la diffusion de l'accompagnement à l'emploi, devenu depuis une quinzaine d'années l'un des principaux outils des politiques dites d'« activation ». Elle analyse le travail que ces bénévoles font pour l'Etat, et la manière dont se redéfinissent les statuts et les parcours des individus qui sont pris en charge dans ces interstices de l'Etat social. Elle montre enfin que ces bénévoles, en tous cas ceux qui restent, compensent moins par ce bénévolat une insatisfaction vis-à-vis des nouvelles méthodes de management qu'ils ne prolongent une carrière professionnelle faite de stabilité et de reconnaissance. Ce sont, pour le dire autrement, ceux qui réussissent dans le monde du capitalisme contemporain qui s'engagent durablement dans ces associations, à la faveur d'une carrière morale qui a généralement pour point de départ des dispositions à l'engagement, et qui les conduit à pluraliser leurs morales du travail.