L'envie de rien : éléments pour une sociologie de l'autodestruction.
Établissement de soutenance : Université de Grenoble 2 Pierre Mendès-France, 2008
Pagination : 1 vol. (430 f.) ; 30 cm
Thème : Lien social-Précarité
Mots-clés : Exclusion sociale ; Marginalité ; Toxicomanie ; État limite ; État dépressif ;
Discipline : Sociologie
Région de soutenance : Rhône-Alpes
Directeur(s) : Michel, Barbara
Numéro national : 2009GRE29002
Permalien Sudoc : http://www.sudoc.fr/137139497
Thèse publiée : Une sociologie de l'autodestruction : addictions, auto-réclusion, errance, abandon de soi…/David Grange. Paris : L'Harmattan, 2010. 282 p. (Coll. Logiques sociales). ISBN 978-2-296-11461-6
Résumé : Clochards, anorexiques, toxicomanes… en un peu moins de deux décennies de nouveaux personnages ont colonisé notre paysage médiatique, et le territoire de notre mal de vivre. Un peu partout dorénavant, à l'arrière plan de notre représentation, ils déclinent l'image de l'autodestruction, tendant comme un sinistre miroir face à nos idéaux de performance, de liberté et d'accomplissement personnel. Mais d'où leur vient alors ce singulier pouvoir d'obsession ? Nous montrerons que la relation de la société française contemporaine à l'hypothèse de l'autodestruction s'organise essentiellement sous l'égide des principes de l'exclusion, faisant de cette propension l'exact équivalent, pour notre règne, de ce qu'avait pu être la démesure, connue sous le nom de folie, pour l'Age Classique, ou encore de ce qu'avait pu être le blasphème, démontré par la grimace de la lèpre, pour le Moyen Age ; c'est-à-dire bien moins en fait la matière d'une terreur que celle d'une tentation. Si nous nous fascinons à ce point pour ceux de nos contemporains qui s'abandonnent et qui se mortifient, ce n'est pas tant parce que nous en redoutons la déchéance que parce que, confusément, nous retrouvons en eux quelque chose de notre plus profond désir. En ces temps de discipline et de surveillance, où il ne semble plus permis à quiconque de se dérober à l'action et à la responsabilité, il peut en effet quelquefois se trouver beaucoup de séduction, dans les idées d'absence, d'oubli, de rien.