"Je suis la mère, je suis le père ! " : l'énigme matrifocale : relations familiales et rapports de sexes en Guadeloupe.
Établissement de soutenance : École des hautes études en sciences sociales, 2000
Pagination : 634 p.
Thème : Enfance-Famille
Mots-clés : Modèle familial ; Éducation ; Différenciation sexuelle ; Maternité ; Paternité ; Guadeloupe ;
Discipline : Ethnologie
Région de soutenance : Ile-de-France
Directeur(s) : Godelier, Maurice
Numéro national : 2000EHES0064
Permalien Sudoc : http://www.sudoc.fr/06004490X
Accès au texte intégral : https://halshs.archives-ouvertes.fr/tel-00266923v2/document
Résumé : Cette thèse est une étude anthropologique à vocation pluridisciplinaire des relations familiales et des rapports de sexes en Guadeloupe. Les familles antillaises étudiées sont caractérisées par leur matrifocalité, c'est-a-dire par la place centrale des relations a la mère dans l'organisation de la vie conjugale et familiale, dont les hommes en tant que pères sont souvent absents, si ce n'est exclus. Le but de l'analyse est donc d'essayer de comprendre pourquoi les hommes n'investissent que si peu les tâches et fonctions paternelles. L'analyse est fondée sur une ethnographie réalisée dans la Basse-Terre, en milieu rural populaire. Les conditions de réalisation de cette ethnographie et son originalité (due au sexe et à la position "métisse" de l'ethnologue et à l'importance accordée par elle à l'analyse des rapports intersubjectifs) sont analysées dans la première partie. L'analyse porte ensuite, dans la seconde partie, sur la construction sociale des notions de maternité et de paternité à travers l'étude détaillée des relations parents-enfants, puis a travers l'étude de leur transmission et leur reproduction dans l'éducation des filles et des fils. Les premières apprennent à occuper un rôle essentiellement domestique et maternel par une éducation qui vise à les tenir à distance de la sexualité, dans un souci de respectabilité qui voudrait exclure toute maternité célibataire. De leur côté, les garçons apprennent à prouver publiquement leur réputation, en affichant des conduites sexuelles conquérantes. Dans les deux cas, l'éducation est marquée par la difficulté à remettre en question l'éducateur - la mère - qui s'impose comme une "mère courage", en entretenant envers ses enfants une relation de dette affective et symbolique importante, qui contribue avant tout à asseoir sa toute-puissance et a discréditer les pères. Les rôles et places attribués aux individus selon leur sexe sont transmis non seulement par la mère mais aussi par tout un entourage familial d'une part , et communautaire d'autre part. Cet environnement où règne le regard des pairs contribue à la régulation sociale du système matrifocal, système cohérent et stable tant que ses conditions de régulation sont maintenues.