"On serait habitués on le ferait comme tout le monde" : les dimensions sociolangagières de l'ambivalence des dispositifs scolaires destinés aux jeunes voyageurs.
Établissement de soutenance : Université Paris Cité, 2020
Pagination : 375 p.
Thème : Immigration-Interculturalité
Mots-clés : Jeune ; Gens du voyage ; Scolarisation ; Sociolinguistique ; Illettrisme ; Catégorisation ; Discrimination ; Exclusion scolaire ;
Discipline : Sciences du langage
Région de soutenance : Ile-de-France
Directeur(s) : Canut, Cécile
Numéro national : 2020UNIP7105
Permalien Sudoc : https://www.sudoc.fr/255613261
Accès au texte intégral : http://www.theses.fr/2020UNIP7105/document
Autres publications :
Guérin Mickaël, Latimier Erell, Analyse d'une situation en classe Cned-Efiv : quelle qualification professionnelle après un dispositif spécifique de scolarisation ?, Études tsiganes, n° 65-66, 2019, pp. 204-225. Url : https://doi.org/10.3917/tsig.065.0204
Résumé : Ce travail part de l'observation d'une rupture de la scolarité entre le CM2 et le collège des jeunes Voyageurs. Il se propose d'une part, d'étudier comment l'Éducation nationale fournit une explication culturaliste à des problèmes pédagogiques et d'autre part, d'observer les effets, parfois inattendus, produits par de tels discours sur les Élèves voyageurs. En faisant dialoguer les approches de la sociolinguistique critique et de la sociolinguistique politique, cette thèse cherche à faire apparaitre les dimensions sociolangagières des dispositifs scolaires destinés aux jeunes Voyageurs dans toute leur ambivalence politique. Au cours d'une ethnographie de trois ans, trois corpus ont été constitués : une sélection de textes institutionnels, des transcriptions d'interactions avec des agents de l'Éducation nationale et des transcriptions issues de situations d'interactions avec les élèves en classe CNED-EFIV (dispositif spécifique scolaire pour les jeunes Voyageurs après le CM2). L'analyse de ces corpus fait apparaitre les processus langagiers et institutionnels qui construisent l'exclusion scolaire des jeunes Voyageurs et les positions subjectives que ces derniers adoptent au sein de la classe. La première partie présente une réflexion théorique sociolinguistique, articulant la notion sociopolitique de dispositif aux théories de la reproduction et de l'émancipation dans le cadre scolaire. Dans une deuxième partie, les contextualisations historiques du statut Gens du voyage, de l'école et de l'échec scolaire ainsi que des enjeux de la notion d'illettrisme en lien avec les Gens du voyage, montrent les mécanismes de catégorisation, hors et dans l'école, d'une partie de la population française. La troisième partie décrit, à partir de discours essentialisants produits par différents professionnels de l'Éducation nationale, l'organisation des processus d'altérisation des jeunes Voyageurs. Enfin, la dernière partie de la thèse s'attache à décrire, à partir de l'analyse des positionnements réflexifs des élèves, l'ambivalence des dispositifs pris dans une tension entre un processus de décapitalisation et d'émancipation au sens ranciérien du terme. En effet, si le dispositif exclu les jeunes du système scolaire ordinaire, il permet également un renversement du rapport inégalitaire classique du sachant à l'ignorant, du maitre à l'élève.