Ethnographie des pratiques numériques des personnes à la rue.
Établissement de soutenance : Université Bretagne-Loire (Comue), Université de Rennes 2 Haute Bretagne, 2017
Pagination : 413 p.
Thème : Lien social-Précarité
Mots-clés : Sans domicile fixe ; Technologie numérique ; Analyse de la pratique ; Image de soi ; Autonomie ; Sociabilité ; Identité sociale ;
Discipline : Sciences de l'éducation
Région de soutenance : Bretagne
Directeur(s) : Plantard, Pascal et Bergier, Bertrand
Numéro national : 2017REN20063
Permalien Sudoc : https://www.sudoc.fr/225255669
Accès au texte intégral : http://www.theses.fr/2017REN20063/document
Autres publications :
Les pratiques numériques des personnes à la rue : un support au maintien biographique de soi / Marianne Trainoir, Les Sciences de l'éducation pour l'ère nouvelle, vol. 52, n° 3, 2019, pp. 13-34. URL : https://doi.org/10.3917/lsdle.523.0013
Résumé : La question « SDF » est étudiée au sein de deux paradigmes : l'approche critique qui insiste sur les phénomènes de domination sociale et l'approche interactionniste qui souligne les adaptations successives que les individus mettent en oeuvre. Ces adaptations sont étudiées à travers des situations particulières dans lesquelles l'identité de sans domicile se construit et une carrière se dessine. Cette carrière est abordée soit comme une carrière de désocialisation dont la clochardisation constitue l'horizon, soit comme une carrière de survie dont le maintien de soi forme la perspective quotidienne et biographique. Dans ce cadre, les travaux menés sur les questions de la « sortie » et du « chez soi » ouvrent la voie à une approche renouvelée du maintien de soi au-delà de la gestion de la « face » en situation. C'est dans cette perspective que s'inscrit notre ethnographie des pratiques numériques comme supports pratiques du maintien de soi. L'expérience de l'errance est traversée par un certain nombre d'épreuves rassemblées dans une lutte pour le maintien de soi. Ainsi, le maintien de soi est à la fois une préoccupation quotidienne et une question biographique englobant les temporalités passées, présentes et futures. Il se travaille dans le quotidien de la survie mais aussi dans le travail de mémoire, de présentation, d'expérimentation et de projection de soi. Si la lutte contre la déprise est un travail essentiellement invisible, les pratiques numériques, observées dans l'écologie de l'activité, offrent une entrée pour l'observation et l'analyse. Ainsi, les pratiques numériques supportent, dans le quotidien de la survie, les démarches d'accès aux droits et la négociation de marges d'autonomie. Elles sont également un support des sociabilités familiales et amicales. Les pratiques numériques, à l'interface entre le privé et le public permettent aux personnes à la rue de s'aménager des temps et des espaces pour se soucier d'elles-mêmes. Enfin, notre recherche montre que les pratiques numériques constituent un support ambivalent, tantôt habilitant, tantôt disqualifiant. En effet, le support ne s'actualise pas nécessairement positivement et peut, au contraire, se retourner contre le sujet, alimentant l'émiettement identitaire et renforçant les sentiments de solitude et d'indignité.