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Une base de données bibliographiques des thèses pour le travail socialTHESIS
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L'ange et le monstre : esthétisation foetale et deuil d'enfant : le cas de l'interruption médicale de grossesse (IMG).

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Thèse travail social
Auteur : BOULLIER Jean-François

Établissement de soutenance : Université de Paris 3 Sorbonne Nouvelle, Université Sorbonne Paris Cité (Comue), 2015
Thème : Petite enfance-Périnatalité
Mots-clés : Grossesse ; Foetus ; Interruption médicale de grossesse ; Représentation sociale ; Imaginaire ; Anomalie génétique ; Norme sociale ;

Discipline : Ethnologie
Région de soutenance : Ile-de-France
Directeur(s) : Courtine, Jean-Jacques
Numéro national : 2015USPCA009
Permalien Sudoc : http://www.sudoc.fr/189969938

Résumé : Cette thèse analyse l'évolution des imaginaires de la grossesse depuis 40 ans ainsi que certaines de ses incidences sociales. La science embryologiste avait installé depuis le 19ème siècle une tradition de représentation réaliste du foetus humain. Au cours de la 2ème moitié du 20ème, les choses semblent changer. En 1970, les photos de Lennart Nilsson notamment ont coloré, autonomisé, esthétisé et humanisé le foetus. En France, le "foetus anatomique" s'est vu par ailleurs retiré des muséums, son image s'absente du "Larousse médical illustré" et des manuels de sciences naturelles. Quant au foetus présent dans l'art contemporain, il est surdimensionné ou dégoûtant : ce qui ressemble donc le plus à un "vrai" foetus se déréalise. L'haptonomie et certaines technologies autour de la grossesse vont accentuer ces modifications de l'image du foetus au profit des imaginaires parentaux. Les effets sociaux de cette idéalisation foetale sont variés. L'humanisation du "beau fœtus" enlaidissant l'anomalie, la hantise maternelle du "monstre fœtal" est d'avantage intériorisée et trouble le travail en médecine foetale. Leur refus de l'anomalie devenant plus implicite, médecins et parents adoptent un langage euphémisé. Mais même l'image du foetus avorté s'humanise. Elle devient émouvante. Quand un foetus est condamné, il faudra donc le réparer, concrètement et symboliquement. Les soignants qui invitent les parents à voir le foetus après sa mort vont le présenter comme un bébé dormant, réparé de ses malformations. Certaines mères, surtout quand elles envisagent une nouvelle grossesse, le représentent alors comme un ange, cet ange devenu omniprésent sur les forums Internet. Ce dispositif questionne les sociétés contemporaines : les spécialistes de médecine foetale se retrouvent aujourd'hui confrontés à certains parents refusant la naissance d'un enfant atteint de malformations sans gravité. Au miroir de leur bébé surgit un indicible : l'horreur d'un foetus porteur d'anomalie. L'esthétisation ne rend-elle pas les imaginaires de l'anomalie d'autant plus puissants qu'ils n'ont plus d'espace, autre que le for intérieur, pour se déployer ?

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