Je suis fou, et vous ? : de la disqualification à la prise de parole en santé mentale.
Établissement de soutenance : Université de Paris 10 Paris Ouest Nanterre-La Défense, 2014
Pagination : 388 p.
Thème : Santé mentale-Souffrance psychique
Mots-clés : Santé mentale ; Souffrance psychique ; Patient ; Usager ; Reconnaissance sociale ; Empowerment ; Psychiatrie ;
Discipline : Philosophie
Région de soutenance : Ile-de-France
Directeur(s) : Haber, Stéphane
Numéro national : 2014PA100108
Permalien Sudoc : http://www.sudoc.fr/182642968
Accès au texte intégral : http://www.theses.fr/2014PA100108/document
Résumé : L'énigme de cette recherche peut se formuler ainsi : "Peut-on considérer que les personnes en souffrance psychique sont des personnes à part entière, et non des personnes à part ?" Cette question part du constat de la disqualification sociale des "fous" et aboutit à la reconnaissance de leur prise de parole. Faire le constat de la disqualification nécessitait qu'on la définisse, que l'on s'assure de son existence à l'égard des fous et que l'on comprenne le processus d'un triple point de vue existentialiste, critique et psychanalytique. Il nous est apparu, dans un deuxième temps que la médicalisation n'était pas une réponse suffisante à la disqualification. La spécificité du concept de maladie mentale repose sur la (con)fusion de deux idées : l'interaction du corps et de l'esprit et l'analogie de la souffrance somatique et de la souffrance psychique. Les théories kraepeliniennes sont à la base de la psychiatrie postmoderne, pourtant il y des possibilités d'une prise en compte non médicale de la souffrance psychique. Les "alternatives" du XXème siècle (antipsychiatries, psychothérapie institutionnelle, Deleuze et Guattari, Foucault) ne nous paraissent pas encore suffisantes. Bien qu'elles reconnaissent dans la personne en souffrance psychique un sujet, elles restent à l'intérieur d'une pensée psychiatrique, à l'exception de Foucault qui s'appuie sur la question essentiel des rapports de pouvoir, mais en évoquant, non la parole des intéressés, mais une supposée "vérité de la folie". Pour prendre en compte les "disability studies" en santé mentale, il faut définir les concepts sur lesquels elles s'appuient: la souffrance psychique, la notion d'usager en santé mentale, la situation de handicap, l'empowerment, la notion de personne. Reconnaître la personne en souffrance psychique comme citoyen à part entière, ce n'est pas nier la spécificité de sa situation. C'est comme acteur social qu'elle demande à être entendu et c'est dans ce geste même qu'elle se réapproprie, dans l'action partagée, le sentiment d'exister.