Les "travailleurs Indochinois" : étude socio-historique d'une immigration coloniale (1939-1954).
Établissement de soutenance : École des hautes études en sciences sociales, 2014
Pagination : 2 vol. (1136 f.) : ill., cartes, graph.
Thème : Immigration-Interculturalité
Mots-clés : Travailleur immigré ; Asie du Sud-Est ; Colonialisme ; Vietnam ;
Discipline : Histoire
Région de soutenance : Ile-de-France
Directeur(s) : Noiriel, Gérard
Numéro national : 2014EHES0042
Permalien Sudoc : http://www.sudoc.fr/180145630
Résumé : Cette thèse retrace l'histoire des 20 000 Indochinois requis en métropole en 1939 par le Ministère du Travail dans les usines travaillant pour la Défense Nationale avant d'être pour partie rapatriés entre 1948 et 1952. Elle analyse dans une démarche sociohistorique l'élaboration d'un "récit" de l'histoire des "travailleurs indochinois" de la Seconde Guerre mondiale et les obstacles méthodologiques, épistémologiques et conjoncturels qui s'y sont opposés. Elle questionne l'apparition médiatique de la figure du "travailleur indochinois", dans un contexte de réception collective travaillé par la question des identités. Pour dépasser le cadre imposé par ce "présent mémoriel", l'histoire des "travailleurs indochinois" replace les parcours de ces hommes dans le mouvement plus large des circulations en situation coloniale et impériale. Elle met ainsi en évidence le poids du déterminisme social dans l'expérience migratoire. Au-delà du discours public et de la catégorisation étatique, la déconstruction d'une domination montre l'extrême diversité de situations et de parcours sociaux que masque l'entité « travailleurs indochinois ». Elle conduit ainsi à contester la notion d'"imaginaire colonial", en montrant que les représentations et les témoignages sont ici le produit d'une lutte et d'une coproduction où l'élite lettrée des Indochinois a joué un rôle majeur. Interrogeant le glissement actuel dans les débats publics du "social" vers le "racial", mais aussi des notions de "subalterne" et de "fracture coloniale" qui réduisent les rapports sociaux à l'antagonisme colon/colonisé, cette thèse entend ainsi contribuer à déconstruire la catégorie d'immigration postcoloniale.