L'entourologie : étude de la problématique de l'entourage de la personne alcoolique. Vers une réflexion autour d'un psychotraumatisme particulier et de sa prise en charge par le groupe de parole.
Établissement de soutenance : Université de Franche-Comté, 2005
Pagination : 2 vol. (VII-262, 189 f.) ; 30 cm
Thème : Toxicomanie-Addictions
Mots-clés : Alcoolisme ; Famille ; Relation familiale ; Groupe de parole ;
Discipline : Psychologie
Région de soutenance : Franche-Comté
Directeur(s) : Cuynet, Patrice
Numéro national : 2005BESA1007
Permalien Sudoc : http://www.sudoc.fr/091465427
Résumé : L'objet de notre travail de recherche concerne l'entourage de la personne alcoolique que nous rencontrons dans nos groupes de parole, mis en place au CCAA de Besançon depuis dix ans. Nous entendons par entourage, les personnes qui vivent avec l'alcoolique - et donc qui sont impliquées dans le soin et la maladie de l'autre - et de qui l'alcoolique attend quelque chose en retour. Ce sera souvent la famille nucléaire immédiate : les parents et enfants, que nous avons pu rencontrer dans nos groupes de parole. L'idée de la construction d'une entourologie nous semble pertinente pour souligner la souffrance des proches, qui sont des " victimes " les plus souvent silencieuses à côté des malades. Nous nous sommes rendu compte, au fur et à mesure des séances de thérapie de groupes, que l'entourage était atteint d'une souffrance psychique qui lui est propre et qui nous a semblé à la fois systématique et constante sur le plan des symptômes, et donc pertinente à traiter comme telle : la maladie de l'entourage. Nous avons été interpellés par la similitude des comportements obsessifs de l'entourage du malade alcoolique, et de certains traumatisés ou victimes, suite à un choc brutal. Il s'agit ici de stress cumulés et réactionnels qui forment à la fin, un stress post-traumatique. Nous mettons en évidence un tableau clinique des troubles observés chez l'entourage immédiat, allant de l'escalade agressive, du passage à l'acte, aux somatisations les plus diverses, en nous appuyant sur nos observations cliniques. Nous avons mis en évidence, l'effet (traumatique) cumulatif du stress, dans une perspective de recherche autour du stress au quotidien. Pour nous, la maladie de l'entourage est une névrose traumatique familiale qui a des conséquences sur chacun des membres de la famille. Travail de groupe et travail en groupe, les personnes vont retrouver un sens de soi, propice à une reconstruction positive du moi et du soi familial. Le groupe permet de traiter la question de la co-dépendance, de la souffrance dépressive de l'entourage, et ouvre un chemin d'accès aux soins pour le malade alcoolique. À la fois, lieux de debriefing, d'analyse de soi et de ses comportements, c'est au sein des groupes de parole que nous proposons un soin psychique qui permet de rompre la solitude et la honte, dans un échange avec d'autres entourages qui partagent une certaine " familiarité " avec la maladie. Nous traiterons de cette étrange familiarité des symptômes partagés, en théorisant et conceptualisant ce point de vue, avec comme cadre de référence une lecture analytique groupale et familiale d'un corps narcissique familial. Pour tenter de répondre à ces différents axes de préoccupations et de recherche, nous proposerons une observation des groupes thérapeutiques (discours) ainsi qu'une analyse lexicale, syntaxique et une étude des co-occurrences sur la retranscription de trois groupes de thérapie d'entourage. Bien entendu, l'objectif final de ce travail de réflexion est de mettre en place des outils conceptuels spécifiques afin d'améliorer les soins portés aux personnes de l'entourage comme aux individus alcooliques en ouvrant à l'enrichissement des prises en charge et à d'autres compréhensions de la question alcoolique. La souffrance alcoolique en cache une autre, celle de l'entourage, qui est secrète, ignorée, honteuse. La personne proche, a une histoire à (se) raconter, un trajet de vie à poursuivre, dans une souplesse à retrouver vis à vis de l'alcoolique. L'entourage tout comme l'alcoolique, doit avoir des lieux et espaces pour exister pour lui-même, et trouver son sens de la (sa) vie, ainsi que des soins psychiques qui lui soient propres. La prise en charge de l'entourage peut donc être reconnue et comprise comme une action de soin à part entière pour l'entourage lui-même qui souffre, et aussi secondairement, comme une aide précieuse pour le malade alcoolique et son rétablissement de santé psychique.